Stephane Adler, antiquaire et écrivain

Stephane ADLER, antiquaire de renom, nous partage son parcours peu orthodoxe dans les méandres de l’horlogerie au travers d’expérience fascinante.

Stephane ADLER : Je suis Stephane ADLER, écrivain et avant tout antiquaire.

Depuis combien de temps exercez-vous votre activité ? Quel a été votre parcours ? Qu’est-ce qui vous a donné envie de faire ce que vous faites ? Quelles sont les qualités indispensables pour faire ce métier ?

S.A : De formation économique (diplômé Sciences Po Paris, 1969), je suis entré dans le secteur bancaire (BIAO de 1970 à 1980, puis Paribas de 1980 à 1983) exerçant mon activité à l’étranger, principalement en Afrique occidentale puis en Grèce où j’ai collaboré pour l’ouverture de la 1ʳᵉ banque française dans ce pays.
À la suite de la nationalisation des banques en 1983, j’ai préféré démissionner et me consacrer à la carrière d’antiquaire, la recherche et l’achat d’objets anciens ayant toujours été mon passe-temps favori depuis mon adolescence. Résidant en Grèce, je me suis intéressé à l’histoire de ce pays me focalisant sur la période de son indépendance (1821 – 1830) et la participation de la France à son accession.
A ce titre d’antiquaire, j’ai collaboré à la gestion d’une société de vente d’objets anciens (Art Inter S.A.R.L. de 1983 à 1992) avant de créer ma propre affaire (Alpha Antiquités S.A.R.L. en 1992).

Que préférez-vous dans votre métier ? Quelles sont les difficultés du métier, ou les erreurs à éviter ?

S.A : Les qualités indispensables pour faire ce métier sont la curiosité (historique et artistique) et la disponibilité physique (vis-à-vis de la source d’approvisionnement de marchandises, de nombreux déplacements sur les foires en province et pour la participation aux ventes aux enchères « dévoreuses de temps » sont indispensables afin d’acquérir la marchandise désirée).
Il faut aussi vouloir parfaire ses connaissances en histoire de l’art dans le but de « dénicher » l’objet parfait répondant à la demande du marché (tout en améliorant son savoir).
La participation aux foires et la « chine » en général sont ce qu’il y a de plus excitant dans le métier ; le contact clientèle (surtout étrangère) offrant lui aussi de nombreuses satisfactions, surtout lorsque celle-ci se fidélise, donnant parfois aussi lieu à des amitiés nouvelles.
Trouver « l’objet convoité » est source de joie intense, soit parce qu’il répond déjà à une demande de la clientèle qui va ainsi être satisfaite tout en générant un profit garanti, soit qu’il correspond à l’artefact recherché à titre personnel de collectionneur (voir ci-dessous réponse à la question 9).

Des conseils pour qui souhaiterait se lancer dans la profession ?

S.A : Les conseils que l’on peut prodiguer, c’est que le métier requiert un véritable sens du négoce et une disponibilité physique. Par ailleurs, il faut être très honnête vis-à-vis du client et être certain de ce que l’on vend, (connaître l’historique de l’objet, sa provenance, son état d’origine avec restaurations éventuelles…) ne pas chercher un profit trop rapide ou excessif ; il importe de se créer une réputation de « sérieux » afin de fidéliser une clientèle de qualité (celle-ci étant en rapport avec ce que l’on vend ; donc un bel objet plutôt que 5 de qualité inférieure pour un budget équivalent).
Il y a plus de 5 000 boutiques rien qu’aux Puces de Saint-Ouen, en région parisienne, et il faut donc se distinguer pour acquérir un client en s’efforçant de proposer un objet « différent » (de par sa nature ou sa qualité).
On peut aussi recommander de se créer des « réseaux », c’est-à-dire cibler un objet particulier tel(le) la pendule et laisser l’information auprès de plusieurs marchands qui peuvent alors vous aviser dès qu’ils l’acquièrent, faisant de vous un « acheteur privilégié » (les sources de multiples approvisionnements étant un atout dans la profession).

Quelles sont les expériences qui vous ont le plus marquées et pourquoi ?

D.M : 2 expériences sont les plus marquantes :

a) Le contact avec une clientèle d’origine géographique et de mentalité totalement opposées : la rigueur et la rapidité nordiques et germaniques par exemple et la « nonchalance » et le goût pour une forte négociation des « orientaux », toutes deux ayant leurs charmes et avantages et requérant une attitude conforme de l’antiquaire pour aboutir à la finalisation de la transaction.

b) L’autre fait important dans ma profession a été la rédaction d’un livre sur les pendules à caractère philhellénique.

Ayant fait de l’art de l’horlogerie française à l’époque de la Révolution grecque (règne de Charles X – 1830) mon principal sujet d’intérêt et de recherches, il m’avait été demandé par les collectionneurs et musées grecs de rédiger un livre sur ce thème. Ceci a été réalisé de 2015 à 2018 et la promotion de l’ouvrage a eu lieu en octobre 2018 au Musée Benakis à Athènes avec la participation de l’Ambassadeur de France.

Ce fut une grande expérience, fortement enrichissante, avec le contact du monde de l’édition, des collectionneurs et des musées.
La Société des Arts, des Sciences et des Lettres à Paris nous a décerné une médaille d’or à titre de collectionneur et écrivain d’art lors de sa cérémonie du 16 octobre 2022.

Par la suite, lors de la célébration du bicentenaire de la Révolution grecque en 2021, j’ai pu participer, en prêtant une centaine d’objets, à l’exposition à Athènes intitulée « L’indépendance grecque à travers les yeux des collectionneurs » sous l’égide de la Présidence française (Musée Benakis, juin – octobre 2021).

Cette exposition fut ensuite transférée à Salonique (Fondation Teleglion, octobre 2021 – janvier 2022) sous l’égide de la Présidence grecque.

Un Trésor Littéraire Témoignant de l’Engagement Philhellène d’un Collectionneur

L’histoire de l’art et du philhellénisme français trouve un nouveau trésor en la personne de M. ADLER, dont la passion pour l’art français lié à l’Indépendance grecque se matérialise dans son ouvrage captivant, intitulé “Les heures du Philhellénisme.”

Dès 1983, il s’est consacré à l’acquisition d’objets d’art français en lien avec la lutte pour l’Indépendance grecque. La collection qu’il a rassemblée, principalement des pendules, est devenue l’une des plus importantes au monde sur ce sujet. Mais ce n’est pas tout. Le véritable trésor de cette quête réside dans l’incroyable documentation accumulée au fil des ans.

Après quatre années supplémentaires de recherche dans des bibliothèques, musées et collections privées, notre antiquaire a donné vie à son livre “Les heures du Philhellénisme.” Cet ouvrage reflète non seulement sa profonde passion pour le philhellénisme, mais aussi son engagement indéfectible envers la préservation de l’histoire.

La promotion de ce livre remarquable a eu lieu en octobre 2018 sous les auspices du musée Benakis à Athènes et de l’ambassadeur de France, Son Excellence Monsieur Christophe Chantepy. Avec un tirage de 1100 exemplaires, dont 700 en grec et 400 en français, l’ouvrage a atteint un large public, tant en Grèce qu’en France.

Le livre va au-delà d’une simple compilation d’objets d’art. Il témoigne de son rôle actif en tant que “Philhellène” contemporain. En partenariat avec d’autres collectionneurs et musées, il a contribué à l’organisation de manifestations commémoratives du bicentenaire de l’Indépendance grecque de 1821, prêtant plus de 100 objets, dont 55 pendules figurant dans son livre.

Le monde a pu découvrir ce trésor artistique grâce à des expositions telles que “Un duel romantique” au Musée Delacroix à Paris au premier trimestre 2021, et “1821 À travers les yeux des collectionneurs” au Musée Benakis à Athènes au deuxième trimestre 2021. Ces expositions ont permis aux amateurs d’art de plonger dans l’histoire captivante du philhellénisme français.

Parallèlement, une autre exposition, intitulée “Leonidas – Napoléon – Botzaris,” inaugurée par la Présidente de la République Grecque, Madame C. Sakeropoulou, sous le patronage du Président de la République Française, Monsieur Emmanuel Macron, a également mis en lumière le travail de M. ADLER.

Sa contribution exceptionnelle a été reconnue par la Ville de Salonique, qui lui a décerné la médaille de la Ville en signe de gratitude. De plus, l’ambassadeur de France, Monsieur Patrick Maisonnave, a organisé une réception en son honneur, où Stephane ADLER a pu discuter en détail de son livre avec des invités privilégiés.

Son engagement à partager son savoir ne s’arrête pas là. Il a remis son livre à plusieurs bibliothèques, musées et institutions en France et en Grèce. Ces institutions, dont la BNF, l’INHA, les Arts Décoratifs, le Louvre et bien d’autres, ont trouvé en son ouvrage une référence inestimable.

“Les heures du Philhellénisme” est le témoignage d’un collectionneur passionné qui transmet ses connaissances et sa passion pour l’horlogerie et le courant philhellénique français aux générations actuelles et futures. Grâce à son travail dévoué, le riche patrimoine culturel franco-grec trouve une nouvelle vie et continue de fasciner le monde.