Adrien Pendariès, Golfeur Professionnel

Adrien Pendariès, golfeur professionnel
Photo d’Adrien Pendariès

 

En 2021, il remporte son premier tournoi PGA France, puis, en mars 2022, il remporte le Alps Tour en 3ème division en Italie. Depuis ses débuts en tant que golfeur professionnel français, Adrien Pendariès fait beaucoup parler de lui, nous lui donnons aujourd’hui la parole :

Adrien Pendariès : Je m’appelle Adrien, j’ai 23 ans, je suis né à Paris en France et je suis golfeur professionnel.

Depuis combien de temps êtes-vous passé pro ?

A.P : Ça fait presque 1 an maintenant. Je suis passé pro en juin 2021 à la fin de mes études universitaire où j’ai passé un double diplôme en sociologie et en finance.

Quel a été votre parcours ?

A.P : J’ai toujours voulu être golfeur professionnel. Beaucoup d’athlètes européens choisissent l’université américaine parce que c’est un moyen de passer un diplôme et de poursuivre la pratique d’un sport de haut niveau. Justement, ce double cursus permet de faire partie d’une équipe de golf tout en voyageant pour les tournois et en passant un diplôme universitaire. Je souhaitais obtenir ce diplôme afin d’avoir un plan de secours, et en même temps poursuivre ma passion du golf.

Qu’est-ce qui vous a donné envie de faire du golf votre métier ?

A.P : Mon père, Marc Pendariès, est joueur professionnel, je suis un peu né avec les clubs dans la main. Je joue depuis que j’ai 1 an, en fait dès que j’ai pu marcher. J’ai joué à beaucoup de sport en grandissant : tennis, foot, basket, golf et c’est toujours le golf qui m’a le plus intéressé, peut-être ce lien familial avec mon père. Assez tôt j’ai commencé à jouer plus au golf qu’à d’autres sports et j’ai toujours eu envie de progresser. En voyant les grands champions à la télé, je rêvais d’être comme eux. Aujourd’hui, je fais parti du sérail. C’est le premier pas !

Comment devient-on golfeur professionnel ?

A.P : Les parcours sont variés. Principalement, il faut être bon au golf. Beaucoup de personnes passent pro à 18 ans directement après le lycée, car ils pensent avoir les capacités physiques mais aussi la maturité nécessaire. D’autres, comme moi, attendent quelques années afin d’obtenir un diplôme, et profiter de ce délai pour améliorer tous les compartiments du jeu. Vers 22/23 ans on se sent un peu plus prêt à passer pro et à sauter dans le grand bain. Dans mon cas, j’avais l’impression qu’à 18 ans j’avais encore du chemin à faire et un peu de jeunesse étudiante à vivre. Et voilà, l’université américaine m’a permis de vivre la vie d’étudiant, mais surtout de développer mon arsenal, toutes mes flèches je dirais, pour essayer d’arriver sur le circuit et être le meilleur golfeur possible.

Quelles sont les qualités indispensables pour faire ce métier ?

A.P : Outre évidement la qualité du sport, je pense que le golf demande de la maturité personnelle et de l’organisation. C’est un sport où nous sommes livrés à nous même, hormis les meilleurs joueurs du monde qui ont toute une équipe : des secrétaires, des agents…

Il faut se débrouiller, que ce soit pour la logistique de tous les voyages d’une saison ou ma comptabilité par exemple, il faut tout gérer un peu comme le patron de son entreprise. C’est une chose à laquelle on n’est pas encore habitué chez les jeunes, chez les amateurs, et quand on arrive dans le grand bain il faut tout faire soit même.

Il faut également des capacités entrepreneuriales parce qu’on est sa propre entreprise, il faut savoir bien gérer tout ça donc oui, c’est un stress, car ce sont des qualités différentes d’un athlète en sport d’équipe par exemple.

Qu’est-ce que vous préférez dans votre métier ?

A.P : Pour revenir un peu à l’individualité du golf, le fait d’être la seule personne responsable si les choses se passent bien ou mal m’attire beaucoup. La performance dépend seulement de moi-même, je n’ai pas à me plaindre ou être content de mes coéquipiers ou partenaires de jeu comme dans une équipe. Si ça se passe bien, la satisfaction personnelle est totale et extraordinaire, mais si ça se passe moins bien, on sait ce qu’il faut travailler et on est le seul coupable, ça c’est quelque chose qui me plaît. Ensuite, au niveau du jeu, c’est assez unique parce que toutes les semaines on joue sur un terrain, sur un parcours différent. Chaque jour, les conditions météorologiques affectent beaucoup la manière de jouer et la compétition, que ce soit le vent, l’herbe, la température de l’air, l’humidité… Tout affecte le vol de la balle, un peu comme une gigantesque équation, il faut prendre toutes les variables en compte, en tout cas tout juger du mieux qu’on peut pour essayer d’avoir toutes les chances de taper un bon coup. Donc ça, c’est un exercice mental, qui est assez intéressant et qui n’est peut-être pas aussi présent dans d’autres sports.

Quelles sont les difficultés du métier, ou les erreurs à éviter ?

A.P : Je pense qu’une des plus grosses difficultés au golf c’est que ce sport requiert beaucoup de persévérance. Même si on regarde tous les meilleurs joueurs du monde ou même des professionnels à mon niveau, on a l’impression qu’on tape beaucoup de bons coups, de coups parfaits, mais ce n’est pas le cas. Il faut apprendre à être très patient et à être son propre meilleur ami, comme dirait mon coach, que ça se passe bien ou moins bien. C’est un piège dans lequel on tombe souvent. Comme on veut que tout se passe vite et bien, prendre du recul ce n’est pas plus mal.

Des conseils pour qui souhaiterait devenir golfeur professionnel ?

A.P : Ce serait de prendre tous les aspects du jeu, pièce par pièce, et traiter le golf comme un grand puzzle. C’est un sport complexe de par la diversité des compartiments techniques à maîtriser. Donc, je recommande d’avoir une approche séquentielle en travaillant à tour de rôle chacun de ces compartiments.  Vouloir tout de suite être un bon joueur, baisser son index, faire des bons scores doit devenir le résultat et non plus votre priorité. Que ce soit seul ou avec votre enseignant, toujours cibler des compartiments précis du jeu afin de se concentrer dessus quelques semaines. Dès que vous voyez une progression, vous pourrez changer. Au fur et à mesure, à force de faire les petites choses bien, vous allez vous rendre compte que vous disposez d’un package améliorant votre jeu sur le long terme. Cette démarche des “petits pas”, vous l’aurez compris, prend du temps, mais avec de l’entrainement ciblé et plusieurs objectifs intermédiaires, c’est le meilleur moyen d’observer une progression et d’en être satisfait.

Quelle expérience vous a le plus marqué ?

A.P : Je pense qu’une des choses les plus importantes à faire dans le golf, comme dans tous les sports, c’est de gagner ! C’est encore plus vrai quand vous en fait votre métier. C’est ce qui me fait gagner ma vie, et aussi ce qui me procure le plus de plaisir. Plus jeune j’ai participé à plusieurs reprises à des tournois internationaux.  A 10 ans, pendant l’un de ces tournois, j’étais en tête avant le dernier tour et jouais donc dans la dernière partie. J’ai complètement craqué lors de ce dernier jour. Malheureusement, J’ai refait la même chose à 11 ans et à 12 ans. 3 années de suite où, finalement, j’étais quasiment en train de gagner mon plus gros tournoi international. Mais 3 fois où j’ai craqué le dernier jour… Puis à 13 ans, encore une fois j’étais en tête du tournoi mais là j’ai fait une des meilleures parties de ma vie ! J’ai remporté le tournoi et J’avais réussi à casser cette spirale négative. J’ai ainsi pu gagner 3 fois de suite après ça. Personnellement, cette expérience m’a permis de prendre confiance en mes capacités en tant que leader d’un tournoi, cela m’a appris à gagner, à contrôler mes émotions et mon jeu sous pression. C’est quelque chose dont je me souviens encore aujourd’hui, 10 ans plus tard, ça me donne de la confiance parce que finalement le but ultime c’est de gagner.

Merci Adrien pour votre temps et pour cette interview qui, j’en suis sûre, en intéressera plus d’un !